Comment en arrive-t-on à une dette locative de 100 000 euros ?
Bonjour à toutes et à tous,
Nous faisons suite ici aux différentes réactions, tout à fait légitimes, concernant la situation de l’Electrolab et en particulier de notre appel aux dons (pour une séance de rattrapages, rendez-vous cette page) et de l’objectif que nous nous sommes fixé : récolter 100 000 euros.
La plupart d’entre nous n’a pas pour habitude de manier de telles sommes et il nous semble nécessaire d’apporter des éléments de contextualisation afin de permettre à tout un chacun de se forger un avis éclairé.
Vous pouvez continuer à réagir en nous écrivant : contact[at]electrolab.fr. Nous tâcherons de vous répondre dans les plus brefs délais de la manière la plus précise possible.
Louer dans le parc privé
Pour mener à bien la mission de l’association, une certaine accessibilité du public est nécessaire : proximité des transports collectifs, axe routier significatif… Ceci implique naturellement des coûts de foncier élevés. Notre projet n’étant pas l’émanation d’une collectivité locale, nous n’avons pas eu d’autre choix que de louer dans le parc privé.
Nous avons eu l’opportunité de louer l’espace que certains d’entre vous connaissent : 1 500 m², insalubre, pollué, inondable et “sans commodités” comme on dit, pour un montant au demeurant raisonnable (vis-à-vis des prix constatés à l’époque) : 50 euros/m² et par an plus les taxes (TVA et taxe foncière, car oui, ce genre de bien se loue en bail commercial). Aujourd’hui, nous parlons de 90 euros TTC /m² et par an : plus de 130 000 euros à l’année.
Nous louons ce bien depuis 2014. En 10 ans, à la force des bénévoles, nous l’avons transformé en un Établissement Recevant du Public (ERP) qui fait des émules. Nous avons en effet développé une expertise certaine dans le domaine, si bien que Sylvain, l’un des permanents, intervient pour plusieurs organismes de formation sur la question des “ateliers de fabrication en ERP” et que nous avons conseillé bon nombre de fablabs sur la question.
Après la crise Covid, l’heure des choix
Début 2020 arrive la crise Covid. Au fil des confinements et consignes aux ERP et musées, nous nous retrouvons en 2022 avec près d’une année cumulée de fermeture, un nombre de membres divisé par près de 4 (moins d’une centaine contre plus de 350 en mars 2020). A ce moment-là, toutes les marges de manœuvre sont réduites à l’os, et c’est seulement grâce aux “aides Covid” que nous assurons la continuité des salaires.
A ce stade, que faire ? Jeter l’éponge et licencier ? Ou alors se battre pour remonter la pente, retrouver le niveau d’activité de début 2020, reconstituer une base de membres solide ? Bref, mener à bien notre objet social ? Parce que la culture scientifique, technique et industrielle, cette fameuse crise Covid nous a bien démontré qu’il y en avait plus que jamais besoin ! C’est ce second choix que nous avons fait.
Non sans difficultés…
Il a fallu maîtriser les dépenses énergétiques. Nous avons divisé notre consommation électrique par deux (passage en éclairage LED, coût 5 000 euros). Pendant ce temps, les prix, eux, ont été multipliés par trois !
Il a fallu faire face à l’augmentation de 35% de l’Indice des Coûts de la Construction (et de 7% entre 2022 et 2023), sur lequel est indexé notre loyer – alors que le foncier, lui, baissait de valeur sur la même période… Les coûts des travaux d’aménagement restant à réaliser s’étaient, quant à eux, envolés, avec des devis de matériaux valables 8 jours.
Il a aussi fallu gérer un recrutement malheureux. C’est triste à dire, mais ça arrive.
Alors que pour garantir les activités nous devions poursuivre les travaux d’aménagement et que nous faisions donc croître la valeur du bâti (installation d’une chaudière, de pompes à chaleur, de segmentations coupe-feu), la régularité des paiements de loyer a été impactée, sans toutefois que ce soit nié ou passé sous le tapis.
En 2023 nous avons assaini la situation avec des paiements réguliers sur toute l’année, sans toutefois rattraper le retard accumulé en 2022.
Vivre avec une dette de 100 000 euros, est-ce le sommet de l’irresponsabilité ?
Tout est question de point de vue.
Le budget annuel de l’Electrolab est de 400 000 euros. Ces 100 000 euros représentent donc 3 mois de fonctionnement. Est-ce le sommet de l’irresponsabilité pour quelqu’un au SMIC d’avoir 3000 euros de dettes ? Encore une fois, tout est question de point de vue.
L’association dispose d’une trésorerie pouvant couvrir la majeure partie de cette dette. Mais si l’on se défait de cette trésorerie, l’irrégularité naturelle des revenus d’une association (on parle de “besoin en fond de roulement”) nous empêche de payer nos salariés dans des délais acceptables.
Voilà pourquoi nous avons lancé cette campagne de dons.
Le rayonnement de l’Electrolab et le développement continu de ses actions
Notre campagne de dons doit répondre à l’impatience d’un propriétaire qui, si elle est bien légitime, met en danger ce que nous avons construit ensemble. Alors même que la situation est sur une pente très positive puisqu’en parallèle des strictes activités associatives (ateliers, conférences, accueil des publics, projets divers, aménagement des locaux), nous menons des actions structurantes :
- Labellisation “Fabrique Numérique de territoire” par le ministère de l’intérieur en 2019
- Intégration au dispositif “Pass Numérique” en 2020
- Intégration au dispositif “Service Civique” en 2021
- Intégration au dispositif “Pass Culture” en 2021
- Proposition de réhabilitation et d’aménagement d’un site, afin d’accueillir nos activités, à la mairie de Houilles en 2022
- Labellisation “Manufacture de proximité” par le ministère de l’intérieur en 2022
- Participation à la création de l’association réseau “MakersIDF” sur la base du réseau informel existant entre lieux du “Faire” du territoire francilien en 2023
- Proposition d’aménagement d’un bâtiment industriel du site des Laboratoires Eclairs à la mairie d’Epinay-sur-Seine en 2023
- Création de la filiale commerciale Acceltech, chargée de développer des activités de service à destination des professionnels, toujours en 2023
Vous le voyez, nous continuons de travailler à la pérennisation de l’Electrolab.
Cet effort collectif, nous le menons avec vous, nos nombreux soutiens. Nous vous remercions pour votre solidarité et toute l’aide que vous apportez à notre projet. Nous surmonterons ensemble ce moment difficile !
A très bientôt !
L’équipe du lab’
Pour continuer cette magnifique histoire
et poursuivre notre mission d’éducation populaire !