It’s summertime
Dans la torpeur des journées estivales, alors que le thermomètre bat des records, l’activité semble se réduire jusqu’au zéro absolu. Pas une vis qui traîne, pas une LED ne clignote, pas un bruit d’usinage qui vienne heurter nos frêles tympans. Quelle béatitude !
Vraiment ?
Et bien non : ces longs soirs d’été où la luminosité ne baisse qu’en fin de soirée sont en réalité propices à une activité intense de bricolage et de projets, menés par les membres de l’Électrolab. Revigorés par les journées ensoleillées, l’enthousiasme est de mise pour faire avancer ses petites et grandes réalisations. Et au fur et à mesure de l’aménagement de nos locaux, de plus en plus de zones de travail, d’outils et d’équipements deviennent disponibles. Le champ des possibles s’accroît ainsi inexorablement. C’est bien grâce à cette versatilité que l’unique exemplaire du trophée de la Nuit du Hack 2015 a pu être réalisé, tel que le montre la vidéo du précédent billet.
Mais en réalité, il se passe bien plus de choses au lab que l’on ne peut le montrer en images ou le décrire en prose. Un soir d’ouverture peut être comparé à une ruche grouillant d’activité, dont quelques instantanés vous sont présentées tout au long de cet article.
VIP brunch
Nous avons accueilli récemment une trentaine de chefs d’entreprise pour une visite de nos locaux complétée d’un petit brunch déjeunatoire et d’une présentation de l’association. Plusieurs séances de formation à la cuisine moléculaire, à la couture et aux antennes ont été dispensées récemment par certains de nos membres. Quelques responsables de lieux de fabrication numériques d’Île-de-France sont venus prendre moult clichés et interviewer quelques personnes histoire de glaner çà et là quelques idées pour leurs animations futures et leurs évolutions à moyen terme.
C’est tout le paradoxe des lieux de fabrication numériques ouverts à tous (donc pas d’adhérents) qui fonctionnent en étant adossés à des structures de financement qu’elles soient publiques ou privées : il faut rendre des comptes. C’est-à-dire justifier l’existence de la structure et des emplois en relatant l’activité, les animations, les conférences de l’année passée, accueillir quotidiennement les visiteurs d’un jour, les aider dans le maniement des outils et des équipements pour réaliser leur objet créatif et évaluer régulièrement la qualité des services offerts. Pour finalement atteindre le graal, c’est-à-dire l’indépendance économique. Mais c’est un parcours semé d’embûches…
Neither leader nor master
À l’Électrolab – structure totalement autonome et indépendante – il n’y a personne à qui les administrateurs n’ont à rendre de comptes. C’est d’un triste ! 🙂 En vérité, les administrateurs rendent au moins compte au microcosme des membres de l’association, une fois l’an, ce qui n’est déjà pas si mal. Dans l’absolu, il n’y a pas non plus d’animation ou d’événement qui soit vraiment imposé pour rendre le lieu vivant. En réalité, les membres historiques tout comme les padawans animent naturellement l’Électrolab par leurs projets, leurs discussions ou les formations formelles ou informelles qu’ils dispensent. L’importance et l’efficacité de cette créativité naturelle est alimentée par deux grands orientations : la première est le fait de trouver sur place une infrastructure avec un grand nombre d’outils et d’équipement qui ne demandent qu’à être mis en service et/ou être utilisés. La seconde est que rien n’est dû à personne. Tout ce qui a été construit, amené et aménagé dans nos locaux l’a été par les membres actuels ou anciens. Et ce qui n’est pas encore réalisé ou achevé en termes d’aménagement reste donc à faire…par les mêmes. Si d’aucun estime que certains outils sont mal rangés, il prend l’initiative d’en organiser la disposition rationnelle et l’étiquetage. Telle zone n’est pas encore équipée en prises électriques? C’est l’occasion pour ceux qui ont en besoin de préparer le chantier à brève échéance, une fois le projet validé par les responsables. Les oevrants auront l’encadrement des spécialistes en électricité lors de la réalisation. Mais à tout moment c’est l’autonomie et l’autoformation qui est mise en avant plutôt que l’assistanat ou le “faire à la place de”. C’est – toutes proportions gardées – la transposition à notre structure d’un principe fréquemment mis en oeuvre pour le développement agricole : mieux vaut offrir les graines et former à l’agriculture une fois pour toutes, plutôt que donner chaque année de la nourriture.
Group on the root
Bien entendu un nouvel arrivant n’est pas laissé en plan. À chaque nouveau membre est dispensée une formation générale à la sécurité, telle que l’on peut l’observer dans bon nombre d’entreprises. Celle-ci est précédée d’une présentation des principes et modes de fonctionnement édictées ci-avant. Plus tard, l’accès aux équipements fragiles ou dangereux fera l’objet de formations dédiées dispensées par les spécialistes du domaine. Les bonnes idées qu’un nouveau membre peut amener dans l’organisation des locaux ou de l’aménagement peuvent se concrétiser à brève échéance lors des weekends de travaux auxquels il participera.
C’est donc bien l’implication de chacun qui anime et entretient l’existence et le développement de l’association.
Et quand le lab se transporte hors les murs pour une animation, un salon ou une opération spéciale, c’est bien aux membres que la structure fait également appel, de jour comme de nuit.
Et rares sont les cas où ces événements n’ont pas – d’une manière ou d’une autre – été bénéfiques au lab.
Computer’s Cosmopolitan Caveats (CCC)
Au mois d’août, les hackeurs du lab font leur pèlerinage annuel pour aller à la rencontre de leurs pairs. En cette année 2015, la grande transhumance les mènera au Chaos Communication Camp (CCC) en Poméranie. C’est le grand raout où sur un immense terrain, les câbles réseau courent dans la lande telles des herbes folles, et les hackeurs joutent avec bravoure dès le petit jour contre les autres hordes digitales venues des royaumes alentours.
Les soirées sont agrémentées de bals, banquets, happenings et échanges d’exaoctets de données. L’Électrolab s’y transporte en meute, équipé de tout son soûl en louvoyant de relais en caravansérails aux enseignes des grandes sociétés pétrolières, pour atteindre enfin la terre promise. Sur place, yourtes et tentes abriteront nos preux chevaliers des vents contraires et des esprits malfaisants. Ils exhiberont leurs forces et mettont à profit leur dextérité dans le maniement du clavier et du fer à souder. Ils consulteront les oracles des Terres du Nord pour écouter quel est le droit chemin. Ils boiront – cher lecteur – la cervoise à votre santé, en ripaillant à s’empiffrer de mets si délicatement préparés.
Et une fois ce festival estival achevé, ils en reviendront emplis de gloire et de fierté.