OSXP2022

Hackerspace à Nanterre

Open Source Experience 2022 - Paris

OSXP2022

Depuis quelques années déjà, Paris accueille pendant deux jours les fleurons de l’Open Source européen ainsi que des jeunes pousses au futur prometteur. C’est ainsi que les 8 et 9 novembre derniers, l’Open Source Experience s’est tenue au Palais des Congrès, porte Maillot ; l’occasion pour l’Electrolab d’aller se promener dans les allées, de découvrir les stands, d’assister aux conférences et d’échanger.

Pour reprendre les chiffres des organisateurs, l’OSXP2022 ce sont 80 exposants, 150 conférences et 200 intervenants, avec une volonté d’aborder l’Open Source sous tous ses angles et un parti pris entrepreneurial clair. Business apps et solutions métiers, Gouvernance et OSPO, Modèles économiques, pérennité des communautés et financement, Enjeux stratégies et souveraineté numérique, Stratégies industrielles sont quelques-unes des thématiques qui ont été choisies pour cette nouvelle édition. Et puis dans un contexte de crise climatique, près de quinze conférences ont traité de Numérique responsable.

Open Source et numérique responsable

« La mesure des impacts environnementaux du numérique doit être un Commun. Est-ce possible ? Oui, mais c’est difficile. » C’est en ces termes que David Ekchajzer, chargé de projet R&D chez Hubblo, a ouvert sa conférence. Des logiciels au matériel, en passant par les infrastructures cloud, mesurer l’électricité consommée nécessite des outils (type wattmètre), des logiciels et des modélisations. Au sein de Hubblo, David propose une méthode d’évaluation des impacts basée sur des méthodes, des données et des outils libres. En les présentant, il a notamment évoqué les modèles créés par le groupe de travail Boavizta et a rappelé que les mesures obtenues manquaient, pour l’heure, de précision mais que les outils utilisés étaient « ouverts donc critiquables et surtout améliorables ».

Open Source Experience 2022 - Paris

Open Source Experience 2022 – Paris

Pour allonger la vie des smartphones Android grâce à l’Open Source, Antoine Maurino a proposé Iodé, le système d’exploitation développé par son entreprise. Ce projet, basé sur LineageOS, promet de « protéger la vie privée de l’utilisateur et de réduire la consommation d’énergie de son smartphone en bloquant les requêtes indésirables » ; une façon indirecte, pour ce projet Open Source français, de contribuer à la sobriété numérique.

Open Source Experience 2022 - Paris

Open Source Experience 2022 – Paris

Lors de la table ronde intitulée « Du local à l’échelle européenne, comment l’Open Source contribue à un numérique plus responsable », le rôle de l’Open Source dans la lutte contre l’obsolescence des appareils a été détaillé à travers diverses initiatives locales et européennes, privées et publiques. A la question des perspectives et pistes de réflexion à l’échelle européenne, Sandrine Elmi Hersi, représentante du BEREC et de l’ARCEP, a noté qu’il manquait actuellement « des rapports objectifs sur l’Open Source durable » ; un constat partagé par Agnès Crepet, CTO au sein de Fairphone, qui souhaiterait que « des organismes objectivent les enjeux du numérique responsable par le biais de rapports ».

Plénière : Du local à l’échelle européenne, comment l’Open Source contribue à un numérique plus responsable

Plénière : Du local à l’échelle européenne, comment l’Open Source contribue à un numérique plus responsable

Jean-Christophe Elineau, directeur de l’association NAOS, a, pour sa part, insisté sur le fait que l’Open Source devait « continuer à se développer dans les collectivités territoriales pour que s’opère le basculement dans un usage quotidien écoresponsable des logiciels Open Source. » Enfin, Mauna Traikia, conseillère territoriale en développement numérique dans le département de la Seine-Saint-Denis, a rappelé la nécessité de « coconstruire les logiciels de manière différente, en respectant les standards de l’éco-conception pour un numérique écoresponsable. »

Pérennité des projets open source

Dans le cadre de la thématique Modèles économiques, pérennité des communautés et financement, une table ronde a abordé le financement des briques Open Source dites « critiques ».

Qu’est-ce qu’une brique critique ? Une image vaut mieux que de longues explications.

Dependency par le cartooniste xkcd

Dependency par xkcd

Les briques critiques font régulièrement la une de l’actualité lorsque les personnes, qui en assurent – bénévolement et par passion – la maintenance, décident de jeter l’éponge pour diverses raisons. Cela provoque, à chaque fois, un mouvement de panique dans le secteur IT, à telle enseigne que depuis quelques années, il a été décidé de réfléchir sérieusement à cette problématique. La solution est-elle de financer la maintenance de ces briques critiques ? Si oui, faut-il que ce soient les grands groupes type GAFAM, NATU, BATX qui s’en chargent ? Faut-il que les institutions publiques s’en préoccupent ?

Table ronde : financement des briques critiques

Table ronde : financement des briques critiques

Face à la complexité et à l’urgence, les pistes évoquées par les intervenants ont suscité la perplexité : utiliser Open collective, une boîte à outils juridique et comptable, pour gérer l’administratif, initier un bug bounty pour rechercher les failles, organiser un hackathon pour implémenter une nouvelle fonctionnalité. Visiblement peu convaincue par les solutions présentées, une personne du public a demandé son avis à Anca Luca, membre de la communauté Open Food Facts : « Nous finançons la maintenance d’Open Food Facts grâce à de l’argent public français, et grâce aux dons. Aujourd’hui, les financeurs ne recherchent que des projets nouveaux et innovants, et ils oublient combien il est important de financer des projets qui existent déjà et fonctionnent bien. Pour moi, l’une des façons de financer la maintenance, c’est le temps. Certaines grandes entreprises autorisent leurs salariés à consacrer du temps au développement de projets parallèles ou à la maintenance de l’outil numérique avec lequel ils travaillent. C’est, je pense, une piste intéressante. »

Open Source mais également Logiciel Libre

Le village associatif et l’assaut des bien fêteurs et des bien fêtrices

Rassemblés dans un recoin du salon, le Village associatif était en effevescence. Framasoft, l’April, l’ADULLACT, la Fondation Apache, les Mongueurs de Perl, Libreoffice, linuxfr.org, Mozilla, Nextcloud, la Fondation Eclipse, OW2 – pour ne citer que quelques associations – avaient déroulé les kakémonos et sorti les goodies pour célébrer le Logiciel Libre. Loin de l’ambiance très corporate des autres stands, au Village associatif, on parlait grands enjeux à la bonne franquette. Éduquer, promouvoir, défendre, développer, chaque association présentait ses actions et sa contribution au Libre, en toute simplicité.

Dans ce même état d’esprit, a été organisé un quiz géant consacré au Logiciel Libre et aux associations qui le défendent. Dans la grande salle Maillot, des dizaines de participants ont ainsi répondu aux questions préparées par les membres de Linuxfr.org : d’où vient le nom Apache ? Quel est le meilleur jeu présent sur le salon, OAD ou Dollibar ? Combien y a-t-il de pingouins dans le logo de Linuxfr.org ?… etc. Un moment ludique et instructif qui a permis aux vainqueurs de repartir avec une boîte de jeu de briques emboîtables, un smartphone équipé d’un système d’exploitation libre, une peluche, ou encore une grande bouteille de bière. A la bonne franquette, on vous dit.

La remise des Labels Territoire Numérique Libre 2022

C’est aussi au cours de l’Open Source Experience que s’est tenue la remise des Labels Territoire Numérique Libre 2022. Lancée en 2016 par l’ADULLACT en partenariat avec l’AFUL, l’April, l’association Déclic, le cluster NAOS et le CNLL, cette initiative « encourage les usages numériques libres, citoyens et collaboratifs » et s’adresse à toutes les collectivités territoriales françaises.

Cette année, 23 collectivités ont été récompensées pour « leur engagement et leurs efforts en faveur des logiciels libres et d’une informatique loyale au service de l’intérêt général. »
Le jury a particulièrement félicité les villes d’Echirolles et d’Abbeville qui ont atteint le niveau 5 de la labellisation ; un niveau qui « récompense une forme d’excellence et atteste d’une implication très élevée dans le Libre ». Bravo à elles !

Les petits regrets

Cette 2ème édition d’OSXP (qui existait antérieurement sous le nom d’Open Source Summit) aura tenu sa promesse de rassembler de nombreux acteurs français et européens de l’Open Source. Stands et conférences ont rencontré leur public de professionnels et de passionnés. Un petit regret toutefois, les conférences ressemblaient à des pitches. 20 minutes, c’est peut-être (certainement) un peu court pour dérouler posément une présentation et interagir avec le public.
Autre petit regret, celui de voir son badge scanné par une hôtesse à chaque nouvelle conférence ; une façon sinon intrusive du moins indélicate de recueillir des statistiques de fréquentation (et autres ?).
Dernier petit regret, derrière les intitulés généralistes et attrayants des conférences se cachaient souvent la présentation d’un produit ou d’un service, certes Open Source, mais là encore, on pouvait ressentir une certaine gêne. L’impression d’être peut-être réduit à un consommateur en train de faire ses courses.

Open Source Experience 2022 - Paris

Open Source Experience 2022 – Paris