Portrait d’Electrolab : Baddy

Hackerspace à Nanterre

Portrait d’Electrolab : Baddy

Interview de Benoit Greslebin, fondateur de la start-up Baddy
https://www.baddy.space/

Peux-tu nous parler de ton projet de lanceur de volant de badminton ?
Le badminton est un sport très populaire (le badminton est aux sports de raquettes ce que le foot est aux sports de ballons). Les lanceurs de volants sont prisés des clubs et des joueurs, mais jusque-là, il n’existait que des solutions très onéreuses (non accessibles pour 90% des joueurs/clubs), obsolètes (non digitales, sans roadmap ni véritables innovations) et surtout basées sur des modèles technologiques propriétaires et centralisés. Dans un contexte de marché de niche, tout ceci rime très souvent avec prix élevés, mauvaise expérience client, très peu d’innovation et des investissements anecdotiques. Le projet BADDY est né de ce constat et se repose sur un modèle libre, décentralisé et durable. BADDY est le premier robot badminton DIY à monter soi-même, et à réparer soi-même. La réduction des prix d’un facteur 8 par rapport à ses concurrents le rend accessible à tous les clubs. L’ensemble des tutoriels de montage et d’entretien disponibles online, ainsi que les pièces de rechange. Avec BADDY, je ne jette pas, je répare.

Comment as-tu découvert l’Électrolab et en quoi a-t-il servi le développement de Baddy?
L’Electrolab est un lieu exceptionnel. Le projet BADDY a une ligne de conduite claire (basée sur une approche dite Océan Bleu) : proposer un maximum de valeur pour un coût d’investissement maîtrisé. L’Electrolab est une chance énorme pour tout entrepreneur qui veut développer son projet Hardware. C’est un environnement stimulant, avec les outils de l’Industrie, des personnalités avec des compétences incroyables qui sont là pour partager leur expérience, leur savoir-faire, pour proposer des recommandations sur tel ou tel choix de design, tant au niveau mécanique, électronique, logiciel etc.
J’ai découvert l’Electrolab par le bouche-à-oreilles, un ami d’ami qui est passé faire une visite “visite du mardi”. Ce lieu mériterait d’être connu de tous les entrepreneurs, et dépasse de loin ce que vous trouvez dans les espaces de prototypage chez les incubateurs classiques. Il se dégage de l’Electrolab quelque chose de différent, de vrai, une énergie toute spéciale amenée par ses membres exceptionnels, une intelligence collective, ainsi qu’une bienveillance qui vous mettent en confiance.
Tout est possible, mais il faut savoir où vous voulez aller, avoir une vision pour votre projet. C’est aussi à l’Eletrolab que j’ai rencontré les entrepreneurs/freelances qui contribuent au projet BADDY. L’Electrolab est une famille d’experts, de passionnés qui, en plus, partagent leur savoir-faire. Au-delà de la collaboration, il y a le partage.

La communauté a donc été un apport important pour ce projet, qu’en est-il des outils ?
Les outils utilisés ont été pris autant que possible dans le monde du libre – Premiers dessins sur FreeCAD, Inkscape, puis KiCAD pour l’électronique, puis naturellement, nous sommes passés sur des outils propriétaires (e.g Fusion), car nos outils libres ont encore du chemin à faire pour atteindre les exigences de l’Industrie.

Tu as tenté une campagne de crowdfunding qui a loupé son objectif, comment cela a-t-il influencé la suite ?
L’objectif premier de la campagne Kickstarter lancée l’an dernier était de confirmer qu’il y a bien un marché pour BADDY, et surtout arriver à caractériser ce marché/personas tout en optimisant notre positionnement. Nous avons confirmé qu’il y avait bien un marché pour BADDY, mais que cela resterait un marché de niche, spécialisé, et que nos clients seraient essentiellement des clubs, des coachs et des joueurs passionnés.
La campagne a confirmé qu’il y avait un réel intérêt pour le libre, mais le côté DIY était plus difficile à faire accepter à la communauté. C’est d’ailleurs là-dessus que nous concentrons nos investissements, faire en sorte qu’il soit à la portée de tous de monter son robot, et surtout rassurer. La campagne avait donc rempli pleinement ses objectifs. Quant à nos ambitions de campagne (50k€), elles étaient bien trop importantes pour un tel marché de niche, et surtout avec le peu de moyens marketing que nous avions.

Tu viens de monter une entreprise pour développer ce projet, comment envisages-tu le futur de Baddy ?
Nous venons de lancer notre version BADDY V2, et vendons aujourd’hui entre 30 et 40 BADDY par mois grâce à des partenariats avec les ligues de badminton (e.g Ligue Badminton Île de France/LIFBAD), ainsi que des coachs digitaux. La communauté se développe (150 membres aujourd’hui, société lancée en mars 2018).
Le futur à court terme de BADDY est très simple : développer les ventes USA / Australie, et développer le volet digital. A moyen terme il faut viser le grand public. Lorsque j’amène BADDY dans un parc, je me rends compte du potentiel énorme qu’il a : les gamins l’adorent et ne peuvent plus s’en passer. Nous allons démocratiser encore plus notre offre (385 € reste encore trop cher pour le grand public) – avis aux investisseurs pour nous accompagner dans cette aventure !